Le sucre (saccharose) est une commodité globale produite dans le monde à partir de deux plantes : la betterave dans les zones tempérées (Europe, nord des Etats- Unis, …) et la canne dans les zones tropicales (Brésil, Inde, Thaïlande, …). Au niveau mondial, la canne domine avec environ 80% de la production de sucre.
Le Brésil, l’Inde, l’UE, la Chine et la Thaïlande, soit les cinq premiers producteurs mondiaux, représentent près des 2/3 de la production mondiale et sont des pays clés de l’évolution du bilan mondial de ces dernières années.
Le marché mondial du sucre est caractérisé par une grande volatilité. De nombreux facteurs, au-delà des fondamentaux du marché, ont un impact plus ou moins prononcé sur le cours mondial selon leur intensité : évolution des parités monétaires (real brésilien / dollar US), cours du pétrole, évolution du mix sucre/éthanol dans l’utilisation de la canne au Brésil, comportement des fonds spéculatifs sur les marchés à terme de Londres (sucre blanc) et New-York (sucre brut), choix politiques des pays fortement producteurs comme le Brésil ou l’Inde, …
Les fondamentaux
La production mondiale fluctue au fil des ans en fonction notamment des aléas climatiques, plus marqués dans les zones tropicales où se situent les pays gros producteurs que dans les zones tempérées. Le phénomène climatique El Nino peut impacter fortement la production mondiale. Ainsi se succèdent des périodes d’excédent ou de déficit en sucre sur le marché mondial.
La consommation mondiale de sucre, quant à elle, affiche une croissance régulière en liaison avec la demande en Asie qui reste soutenue. La consommation est globalement stable dans les pays industrialisés et augmente dans les pays en développement.
L’évolution des parités monétaires
Le sucre fait l’objet de contrats sur les marchés à terme de New-York (sucre brut) et de Londres (sucre blanc). Il est coté en dollars.
D’une manière générale, pour les matières premières cotées en dollars, un affaiblissement du dollar tend à faire monter les cotations de ces matières premières car elles deviennent alors plus attractives pour les investisseurs. A l’inverse, un renforcement du dollar est normalement un facteur de baisse des cours. Étant donné le poids prépondérant du Brésil dans le commerce mondial du sucre, le coût de production du sucre brésilien ramené en dollars est un élément directeur pour le cours mondial.
De même, la parité du real par rapport au dollar influe sur les décisions de l’industrie brésilienne de produire du sucre plutôt que de l’éthanol et d’exporter.
L’impact du cours du pétrole
Des programmes de développement de l’éthanol‐carburant ont été engagés dans divers pays, comme l’UE mais surtout le Brésil, pays qui s’est très largement doté d’un parc automobile permettant d’utiliser l’éthanol comme carburant (voitures Flex-fuel). L’Inde développe également sa production d’éthanol.
Le Brésil jouit aujourd’hui d’une grande flexibilité quant à l’utilisation de la canne entre les productions de sucre et d’éthanol. La substitution possible de l’essence par l’éthanol établit un lien direct entre le prix du pétrole et le prix du sucre, une hausse du cours du pétrole incitant à consacrer plus de canne à la production d’éthanol qu’à celle de sucre, ce qui impacte le cours mondial.
Les valorisations respectives du sucre et de l’éthanol conditionnent le niveau du mix sucre/éthanol dans l’utilisation de la canne.
L’impact des fonds spéculatifs
L’intervention des fonds spéculatifs sur le marché du sucre peut constituer, selon le contexte et suivant qu’ils soient en position acheteur ou vendeur, un élément déterminant de l’évolution des cours. Le caractère volatil du marché explique l’intérêts des fonds pour le sucre matière première.
Le sucre denrée politique
Le sucre, denrée alimentaire de base largement produite dans le monde, constitue un élément important de la politique de nombreux pays producteurs.
A titre d’exemple, l’Inde a fortement développé ses exportations ces dernières années, mais décide du volume exportable en fonction de la situation de son marché intérieur et du volume de canne qu’elle entend consacrer au développement de l’éthanol. De plus, les producteurs de canne constituent une base électorale importante.
Les grands pays sucriers concurrents de l’UE subventionnent tous, à des degrés divers et plus ou moins directement, leur industrie sucrière.